Les ‘requins à problème’ existent bien et il est temps d’adapter la gestion du risque requin…

Il est communément accepté que les populations de grands prédateurs animaux terrestres (tels que les ours ou tigres par exemple) comptent en leur sein des « individus à problème » qui s’en prennent de façon répétée à des humains dans un but de prédation. Néanmoins, ce phénomène, qui demeurait une simple hypothèse -publiée en 2018 dans Conservation Letters (1)- n’avait à ce jour jamais été démontré pour des prédateurs aquatiques tels que les requins. Dans notre dernière étude aussi publiée dans Conservation Letters (2), nous décrivons trois cas d’études survenus dans trois océans différents (Pacifique, Mer Caraïbe et Mer Rouge), impliquant deux espèces dangereuses pour l’Homme, le requin Tigre et le requin Longimane, et ayant recours à deux méthodes différentes (la photo-identification et l’analyse génétique), qu’un seul et même requin a tué une première personne avant de s’en prendre à d’autres humains considérés aussi comme des proies. Ces cas d’études constituent les premières preuves irréfutables que certains (rares) individus parmi les grands requins sont capables de répéter les agressions sur l’Homme. Le pourcentage de ces individus n’est pas connu mais cette étude engage à systématiser le recueil d’ADN (par écouvillonnage mis en œuvre par le personnel médical) sur les victimes humaines des morsures de requins afin de mieux cerner ce phénomène. Cette approche permettrait de mettre en œuvre des stratégies de gestion du risque requin qui se focaliseraient sur la stricte élimination des animaux dont on a la preuve (via de la correspondance génétique) qu’ils ont déjà mordu et ont une forte probabilité -plus élevée que leurs congénères- de s’en prendre de nouveau à l’Homme (2). Elle suggère aussi de proscrire les pêches aveugles de régulation actuellement utilisées par les autorités qui sont non seulement peu efficaces mais aussi délétères pour l’environnement et peu déontologiques, car ciblant des animaux qui ne présentent aucun risque pour les humains.

Remarque : ces requins récidivistes ne doivent pas être assimilés au concept de « requin renégat » (les « Dents de la mer »). Ils partagent certes avec ce concept le fait de répéter les morsures sur l’Homme, mais n’y prennent aucun plaisir particulier et ne se spécialisent pas sur l’humain, deux points qui relèvent -jusqu’à preuve du contraire- de la science fiction.

Référence des articles scientifiques mentionnés dans le texte :

(1) Lien: https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/conl.12612

(2) Lien: https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/conl.13067

Citation de l’article :

Clua, E.E.G., Carl G. Meyer, Freeman M., Baksay S., Bidenbach H., Haguenauer A., Linnell J.D.C., Séguigne C., Surina S., Vely M., Vignaud T., Planes S. (2024). First evidence of individual sharks repeatedly targeting humans. Conservation letters; 0:e13067. Pp.1-8.

(3) Lien: https://doi.org/10.1016/j.ocecoaman.2020.105266

0:e13067. Pp.1-8.
(3) Lien: https://doi.org/10.1016/j.ocecoaman.2020.105266

0:e13067. Pp.1-8.
(3) Lien: https://doi.org/10.1016/j.ocecoaman.2020.105266

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