«Le requin attaque le surfeur parce qu’il confond sa silhouette avec celle d’une otarie ou d’une tortue » : pourquoi est-il (probablement) FAUX et DANGEREUX de penser çà ?
FAUX : cette hypothèse a été promue par deux scientifiques américains1, Tricas et McCosker, en 1984. Elle a fait le tour du monde car elle est très satisfaisante sur le plan conceptuel. Elle a aussi été renforcée par le phénomène de « bite-and-spit » (je « mords et je recrache »), en particulier chez le requin blanc, qui a engagé certains scientifiques à penser que le requin mordait par erreur et, se rendant au compte -au goût- qu’il ne s’agissait pas d’une proie habituelle, abandonnaient la victime. Cette hypothèse n’a jamais été démontrée et est probablement fausse. Elle renie plus de 400 millions d’années d’adaptation des requins à leur milieu et n’expliquerait qu’une infime partie des morsures sur l’Homme. En mordant le surfeur (et non pas « attaquant » avec une volonté de nuire), le requin agit en connaissance de cause, à la recherche d’une nouvelle proie potentielle. S’il l’abandonne après une première morsure (bite-and-spit), c’est qu’il s’agit d’une « morsure d’investigation », de la part d’un animal à la fois beaucoup plus audacieux que ses congénères (pour oser essayer quelque chose de nouveau), mais aussi extrêmement prudent (qui teste avant d’aller plus loin, la fois d’après). Ou ne pas recommencer si le goût lui a déplu…
DANGEREUX : penser qu’un requin se trompe revient à penser que TOUS les requins peuvent se tromper. Or cette opinion justifie, passivement et indirectement, les campagnes de « régulation » qui prélèvent des requins aveuglément afin de diminuer leur densité, et donc le risque de morsure sur l’homme. Or l’autre hypothèse de la « densité-dépendance » (« plus il y a de requins plus le risque de morsure est élevé ») est, elle aussi, globalement fausse. Les morsures sur l’homme (dans un but de prédation) relèvent de la présence de certains individus avec un comportement « atypique », qui intègrerait l’homme dans les proies potentielles (en milieu terrestre, avec les lions ou les tigres, on les appelle des « individus à problème »). Ce sont ces individus là qu’il conviendrait de neutraliser, et eux seuls, si l’on voulait résoudre le problème des morsures à but de prédation sur l’homme. Et non pas massacrer leurs congénères innocents…
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