Le New York Times (et le Times de Londres dans la foulée) a dédié en janvier 2021 un article sur l’hypothèse des « indidividus à problème » au sein des populations de grands requins et sur la possibilité de spécifiquement les rechercher pour les éliminer. Des chercheurs anglo-saxons ont été interrogés sur le sujet et se sont montrés critiques. Néanmoins, aucun de leur argument ne remet réellement en cause ni l’hypothèse, ni la gestion du risque via le profilage génétique. L’américaine Catherine McDonald remet en cause la possibilité de retrouver un requin « même s’il est marqué » et elle n’a indéniablement pas intégré notre proposition d’avoir recours au feeding pour agréger les animaux et pouvoir les retrouver le moment venu. L’américain David Shiffman invoque le « coût exorbitant de l’approche » car il se place (probablement) dans le pire des scenarii, à savoir la détection d’une espèce très mobile comme un grand requin blanc et ce, à l’échelle d’un continent comme l’Australie ou l’Amérique du Nord ; c’est omettre la solution de fonctionner en réseau à ces échelles-là, en partageant les profils des animaux ; en revanche, l’approche préconisée est beaucoup plus accessible financièrement dans des endroits confinés comme La Réunion ou les abords de la ville de Nouméa en Nouvelle-Calédonie et avec des espèces comme le tigre ou le bouledogue. L’australien Neff, quant à lui, reste obstinément campé sur la confusion qu’il entretient (volontairement) entre notre concept d’individu à problème et celui de requin « rénégat », dépeint dans les dents de la mer. C’est une technique bien connue que de caricaturer pour dénigrer. Cà fait plusieurs fois que je lui explique la différence, y compris via un article scientifique spécifique1, peut-être ai-je surévalué ses capacités cognitives ? Enfin, l’australienne Blake Chapman se réfugie entre autre derrière le fait que l’existence de requins à problèmes n’a jamais été démontrée. Qu’elle patiente un peu encore et elle changera probablement d’avis… La science est faite de débat, c’est de bonne guerre. Je ne considère pas avoir perdu cette bataille, et encore moins la guerre en cours.
1 Clua, E. E., & Linnell, J. D. (2019) Problem individuals among sharks: a response to Neff. Conservation Letters, e12641.
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